
Le 30 novembre dernier, près de 70 personnes se sont retrouvées pour une matinée consacrée aux relations commerciales entre les franchisés et indépendants en alimentation, et les producteurs/coopératives du secteur agricole. L’enjeu était d’aborder ensemble des sujets de préoccupation des parties prenantes, de mieux se comprendre et de se créer des opportunités commerciales win-win.
E.GROSJEAN, Coordinateur du Collège des Producteurs « C’était un bel événement qui confirme que nous sommes sur la bonne voie, qu’il y a un marché, des acteurs intéressés et des producteurs actifs! Cela fait plaisir de ressentir une certaine émulation vers notre objectif de développement de part de marché de 5%! »
B.KENNES, Exploitant d’un Carrefour Express « J’ai toujours été très sensible aux problèmes des petits producteurs en Belgique, mais également aux problèmes des petits détaillants. Mon cheval de bataille a toujours été de mettre en avant les produits et les artisans locaux. Nous vivons les mêmes combats.«
C.JONCKHEERE, Miimosa « Ce qu’on souhaite avec Miimosa c’est se positionner comme une plateforme qui créé du lien entre les citoyens et le secteur agricole, et pour cela il nous faut donner la visibilité sur les différents métiers de ces secteurs agricoles et alimentaires.Etre présents à cet event c’est parfait pour rencontrer tous ces acteurs et augmenter notre réseau! »
S.GEENS, Les fermes de chez nous – Boucherie Originelle « En 2019, on était dans un creux au niveau économique en ce qui concerne l’élevage en général. On s’est retroussé les manches et on a décidé de créer une structure qui pouvait permettre d’obtenir une rémunération supérieure au prix du marché. Et c’est tout naturellement que l’on a rejoint la démarche Prix Juste Producteur ».
- A propos de l'initiative wallonne "Prix Juste Producteur"
- Etude de faisabilité par Gondola : vers où aller pour développer le potentiel du label
- Ensemble vers un modèle de commerce plus éthique et équitable… entre producteur et magasin indépendant d'alimentation?
- En image – Galerie photos
- Vidéo – Aftermovie: qu'en ont pensé les professionnels?
A propos de l’initiative wallonne « Prix Juste Producteur »
Un label pour qui, pour quoi?
La première partie du séminaire était consacrée au contexte de création du label Prix Juste Producteur, sa définition, son ancrage au sein du monde agricole, et à la présentation de son développement actuel. Créée en 2016 à la demande des producteurs qui ont interpellé le Collège des producteurs sur la problématique des prix, ce label consiste en un référentiel de 15 critères à respecter. Seuls les producteurs ont le droit de demander à entrer dans cette démarche, ce qui leur permettra, in fine, de pouvoir affirmer « avec ce prix, payé par mon premier acheteur, mes frais de production sont couverts et je peux me dégager un salaire ».
Le label Prix Juste Producteur donne la possibilité de démontrer au premier acheteur que le prix est un prix juste; calculé par l’intermédiaire d’un organisme neutre – le Collège des Producteurs -, certifiant que ce prix est nécessaire.
Et ce discours est tout à fait novateur dans le monde agricole, où les producteurs ont plutôt pour réflexe d’accepter de la part de la laiterie, de l’abattoir, du chevilleur, du revendeur…le prix qu’on leur propose, par crainte de ne pas vendre du tout. Depuis quelques années, les choses changent, et les producteurs osent petit à petit valoriser leur production, expliquer comment ils travaillent, ce que cela représente, et se réapproprier leur image pour défendre un prix minimal.
Etat des lieux
Au niveau de la communication, la communauté du label Prix Juste représente aujourd’hui plus de 600 producteurs, une centaine d’initiatives labellisées, et plus de 250 produits (majoritairement non transformés) qui peuvent porter l’étiquette « Prix Juste producteur ». En effet, au-délà de la revendication d’un prix rémunérateur, le label est aussi un argument marketing, une valeur à mettre en avant dans la communication du producteur, un atout pour le packaging, un prétexte pour engager la conversation et interpeller le consommateur. D’où la présence du label sur les réseaux sociaux afin de créer une communauté et de valoriser les producteurs labellisés.
Etude de faisabilité par Gondola : vers où aller pour développer le potentiel du label
Suite à la mise en place d’un partenariat entre Gondola Academy et le Label Prix Juste, nous avons pu bénéficier d’une analyse de notre démarche par des professionnels du retail.
Cette analyse, nous servira de base au développement commercial d’un écosystème ancré sur le label “Prix Juste Producteur”, en se basant notamment sur les forces et faiblesses du label.
Dans leurs recommandations, les experts du retail ont proposé de tirer parti des points forts du label wallon, tel que son côté indépendant, et ses accointances avec le commerce équitable des pays du Sud.
Le développement de la notoriété d’un label est un travail de longue haleine. Bien que le label concerne majoritairement des produits peu ou pas transformés, ceci n’a nullement été un problème pour les produits issus du commerce équitable, qui ont su se faire une place dans les rayons.
Le label Prix Juste Producteur est le seul à certifier, pour des producteurs de chez nous, un prix rémunérateur, qui couvre ses frais de production.
Le seul label wallon qui acte cette démarche
Cette démarche novatrice en Wallonie est une plateforme de certification, au service des producteurs et de leurs partenaires soucieux de crédibiliser leur volonté de faire de la place au commerce équitable local. Le « prix juste » est surtout là pour apporter un élément de rationalité au coeur du débat de la consommation : ce produit est, ou n’est pas, digne d’être décrit comme assurant un revenu minimum.
Prix Juste Producteur propose des services, des opportunités de contacts, une certification à dimension humaine, par un organisme neutre qu’est le Collège des Producteurs, et qui coopère avec les acteurs du commerce équitable.
“Le juste prix, c’est l’affaire de tout le monde »
Le label est une interface de dialogue avec le consommateur, la distribution, voire même l’industrie. C’est un programme ouvert à tous ceux qui sont sensibles à la problématique des producteurs et veulent se montrer responsables.
Pour les producteurs, il permet d’accéder à une communauté, et leur offre une visibilité accrue. C’est un moyen de les aider à percevoir un revenu décent.
- Pour se faire certifier : il suffit de prendre contact par e-mail à info@prixjuste.be ou de téléphoner au 081 240447
- Plus d’infos : https://prixjuste.be/demander-le-label/quelles-sont-les-demarches/
Pour les opérateurs de vente, le label peut permettre de mettre en évidence et valider leurs propres initiatives éthiques envers leurs pratiques d’achat. Chaque commerçant indépendant peut se définir comme il l’entend par rapport à l’initiative, sur la partie de l’assortiment qu’il maîtrise. S’il est convaincu, il voudra le faire savoir.
Avec cette démarche, nous souhaitons créer une chaîne de valeur “où chacun reçoit une rémunération correcte pour son travail”. Nous veillons à ce que les producteurs reçoivent un prix juste, et trouvons de même que le travail des commerçants soit lui aussi correctement rémunéré.
Pour les consommateurs, le label leur permet de disposer d’un critère d’évaluation indépendant lors de leurs actes d’achat.
Ensemble vers un modèle de commerce plus éthique et équitable… entre producteur et magasin indépendant d’alimentation?
Comment établir une relation commerciale avec les magasins indépendants en alimentation par B.KENNES, APLSIA, l’Association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation
Monsieur Benoit KENNES, membre de l’Association Professionnelle du Libre-Service Indépendant en Alimentation (Aplsia), a présenté les attentes que peut émettre un gérant de magasin face aux producteurs locaux et le bon fonctionnement de relations commerciales win-win.
D’un côté des milliers de points de vente indépendants, sous franchise ou non , sont à la recherche d’opportunités pour se différencier, sur un marché belge plus que saturé.
De l’autre, des milliers de producteurs et transformateurs sont à la recherche de débouchés pour leurs produits.
Mais plusieurs questions se posent pour un producteur/un artisan, lorsqu’il se décide à vouloir proposer ses produits à un détaillant de sa région.
Il est important de savoir que pour plus de 80% des magasins qui sont franchisés, il n’est pas nécessaire de passer par la centrale d’achat. Cela signifie bien que le gérant du magasin a son mot à dire, et que les négociations sont ouvertes et possibles.
La plupart des détaillants sont demandeurs de produits artisanaux, locaux, issus de petits producteurs. Ils veulent les soutenir, et les mettre en avant dans leur magasin. Pourquoi? Car sur les produits de marque, les marges d’un indépendant sont nulles, voire négatives dans certains cas. Or, en valorisant suffisamment bien les produits locaux, en les mettant en avant, en travaillant sur l’image, et la dimension « locale, éthique, artisanale », tant le producteur que le détaillant peuvent se dégager une marge favorable!
Mais pour cela, comme le souligne Benoit KENNES, « Une marge correcte doit être calculée dès le début. Plus le magasin est petit, plus sa marge devra être grande pour arriver à l’équilibre, idem pour le producteur! » Pas question donc pour le producteur de vendre à la ferme à un prix inférieur à celui de chez le détaillant, pas question non plus de mettre en concurrence ni ses clients détaillants, ni ses clients producteurs. Il faut savoir faire des choix, et ne pas vouloir être présents partout, mais se définir une politique commerciale que l’on s’engage à respecter. Aussi, l’éducation et la sensibilisation des consommateurs est importante. Il ne faut pas que les consommateurs mettent la pression pour acheter au prix des détaillants chez le fermier, mais il faut leur expliquer pourquoi c’est important qu’ils paient le prix juste affiché à la ferme.
Et concrètement, comment on entre en contact avec un gérant en alimentation?
Les détaillants sont des indépendants comme les producteurs, et le meilleur moyen d’entrer en contact est de se parler. En poussant la porte du magasin, et en demandant à parler au patron, tout simplement. Ensuite, on dialogue, et on formalise les accords.